Précision sur le Pacte de Sang

Suite à quelques interrogations de Cyril, qui s'inquiète de devenir traître au sang, suite à ce qui s'est passé, voici quelques précisions sur ma manière d'interpréter les Pactes de Sang :

Le pacte que vous avez conclu est : "I mean no harm to X. I shall take no actions to bring harm to him or those of his blood, or by inaction allow harm to to befall X or those of his blood".
Ce qui se traduirait par approximativement "Je n'ai pas d'intention de faire du mal à X. Je ne commettrai pas d'actions lui faisant du mal, à lui ou ceux de son sang, ou par inaction ne permettrai que du mal ne lui arrive, à lui ou ceux de son sang".
La notion de "faire du mal" est assez floue et difficile à traduire de l'anglais, "bring harm" voulant à la fois dire faire du mal, porter préjudice, faire du tort, causer des dommages, nuire (tout ça à la fois). Bien sûr, faire du mal est d’interprétation plus stricte que "causer préjudice", qui est plus "mou", donc, sur lequel l'interprétation est plus souple. Si vous blessez un compagnon, vous serez traître au sang. Si vous le savez en danger et que vous laissez faire, vous serez traître au sang. Si vous faites quelque chose qui lui porte simplement préjudice mineur, mais que c'est pour un plus grand bien pour lequel le groupe est d'accord, vous ne serez pas traître au sang. Si vous lui mettez la honte devant une prétendante, mais que c'est juste pour se moquer et qu'il ne le prend pas mal, vous ne serez pas traitre au sang. Si les actions d'un PJ A conduisent à ce qu'un PJ s'enfuie dans la jungle parce qu'il est faché contre A, et qu'il est blessé dans un combat contre un animal sauvage, A n'y est pour rien, même si B a fait ça à cause des actions de A. Etre en désaccord avec une interprétation ne fera jamais de vous un traître au sang. Agrandir une plaie d'un membre du groupe pour extraire une flèche barbelée, puis en extraire la flèche ne fera pas de vous un traître au sang. Faire un fumble sur le jet de Premiers Soins et agrandir la blessure sans réussir à retirer la flèche ne fera pas de vous un traître au sang (même si c'est plus limite...).
Bien sûr il y a des pièges : que se passe-t-il si je tue involontairement le frère d'un compagnon alors que j'ignorais qu'il était de son sang ? Réponse : ça n'arrivera pas, parce que c'est un PAC, et que c'est trop facile de piéger les PJ comme ça. Par contre, si vous savez qu'un PNJ est du même sang qu'un membre du groupe, c'est autre chose évidemment. Mais le côté "ceux de son sang" n'est pas un élément que je compte exploiter, ça fait partie des règles d'Earthdawn. Vous me direz : et la soeurette de Wulfgar ? Bah oui, effectivement, mais ça n'était honnêtement pas prémédité.

Ma manière de jouer les Pactes est quasiment identique à la Première Loi de la Robotique d'Asimov : "A robot may not injure a human being or, through inaction, allow a human being to come to harm". J'ai lu les 7 romans du cycle des robots, je suis donc pas trop mal documenté sur les subtilités des Lois de la Robotique, et je compte bien interpréter les Pactes de Sang de la même manière. Il y a des subtilités très intéressantes qui peuvent donner des RP ou des décisions narrativement très riches, notamment sur les conflits de valeurs. Si je mens à Ergos, je lui fais du mal car je trahis sa confiance, mais si c'est pour accomplir un but auquel il croit aussi, suis-je traître au sang ? Si j'empêche un membre du groupe de sortir avec une servante de laquelle il est très amoureux, parce que je pense que ça n'est pas une bonne idée qu'elle risque sa vie tous les jours et qu'elle finira par mourir si elle nous suit, suis-je un traître au sang ? Si je livre un membre du groupe aux Thérans afin d'éviter que l'Empire ne déclenche la guerre, grande cause en laquelle croit le groupe, suis-je un traître au sang ?
Enormément de choix, de dilemmes, de conflits de valeurs, qui enrichissent la profondeur des personnages et permettent de les mettre face à des décisions qui peuvent être lourdes de conséquences. Ceux qui ont lu Asimov verront évidemment jusqu'où ça peut mener...

Pour ne pas vous laisser dans le flou complet tout de même, je vais vous donner le Code Jedi, le truc auquel se raccrocher quand on a un doute : tant que vous ne causez pas de tort ni préjudice factuellement, objectivement, vous ne craignez pas la rupture du pacte.
Tant que vous êtes sincèrement loyaux envers le groupe, vous ne romprez pas le pacte à moins que ça cause des dommages ou préjudice à un membre du groupe. Les blessures et dommages sont d’interprétation stricte, mais le "préjudice, nuire, faire du tort" sont eux sujets à interprétation, en fonction d'une hiérarchie de valeurs. De manière générale, un petit mal pour un plus grand bien ne fera pas de vous un traître, sauf blessure directe.

Maintenant, on sait que le Code Jedi n'est pas le meilleur moyen d'être le meilleur des Jedi ni même d'être un Jedi intelligent.

A noter que cette discussion est très importante, bien au-delà du conflit Ergos / Morte, puisque c'est également cela, si on ne fait rien, qui gouvernera la relation Wulfgar / Kleeya, même une fois Kleeya redevenue une horreur. Et je suis à peu près certain que l'horreur saura exploiter honteusement cette situation pour nous empêcher d'agir contre elle : si on s'en prend à elle alors qu'elle a un pacte avec Wulfgar, celui-ci deviendra traître au sang (s'il est au courant et laisse faire). Or nous avons de notre côté un pacte avec Wulfgar. Le faire devenir traître au sang serait très probablement considéré comme lui nuire, ce qui nous ferait à tous enfreindre notre pacte...

Et donc y'a t'il une solution pour exclure une personne du pacte??? Conformément à la demande d'Ergos, le bannissement existe ou pas ??

Ca dépend.
Pour le cas d'une trame de groupe, oui c'est possible. Il faut refaire la trame du groupe (comme on l'a fait dernièrement pour ajouter Horos et Brunehilde), en retirant alors les personnes dont on ne veut plus.
Pour le cas d'un pacte directement entre deux personnes, non ce n'est pas possible. Le pacte d'un familier par exemple ne se dissout que s'il est brisé, ou par la mort de l'un des membres.